L'histoire de Marysol et son rêve

8 juillet 2021

Chapitre 34 des aventures de Fleur au Canada

(english translation below)

Il y a quelques jours, je vous ai présenté Marysol. Maintenant, avant que vous ne découvriez la rencontre entre elle, Fleur et Elsa, je vais d'abord vous parler d'elle.

Il y a 23 ans de cela, Moïra MacKinnon, une jolie jeune femme aux yeux de saphir, était professeur de français au lycée situé sur Montague Row à Inverness, en Écosse. Un jour, elle participa à un concours organisé par un magazine et elle eut la chance de gagner un voyage de 10 jours au Mexique, dans un hôtel de luxe à Mérida, dans la péninsule du Yucatan, à la date de son choix. Elle choisit les vacances de Noël 1998.

De l'autre côté de l'océan vivait un chef-jardinier dans une grande hacienda mexicaine, à Mérida. C'était une de ces haciendas abandonnées puis restaurées et transformées en hôtel de luxe, comme le sont maintenant la plupart de ces anciens splendides domaines, témoins d'un fastueux passé disparu depuis près d'un siècle. Cet homme était non seulement responsable de l'entretien des magnifiques jardins mais également des gigantesques potagers et vergers qui fournissaient les cuisines de l'hôtel. Il avait un fils de 24 ans, Alejandro Ichtaca Flores Garcia. Alejandro portait en second prénom Ichtaca car sa mère était d'ascendance Aztèque. C'était un garçon qui ne rêvait que de suivre les traces de son père et cultiver la terre pour en recueillir les plus belles récoltes mais malheureusement, ses parents ne l'entendaient pas ainsi et voulaient l'obliger à faire des études. Ils lui menèrent la vie si dure qu'il décida de les quitter et s'engagea dans l'armée. L'année suivante, en 1998, il eut une permission pour Noël, et alla la passer avec ses parents.

C'est ainsi qu'il fit la connaissance de Moïra MacKinnon. Le coup de foudre fut immédiat ! Au moment de se quitter, il décidèrent de se marier et allèrent faire bénir leur union par le prêtre qui avait baptisé Alejandro. Moïra retourna en Écosse le temps de démissionner et régler ses affaires sur place, et revint vivre avec son mari au Mexique.

À l'automne 2001, naquit une petite fille qu'ils prénommèrent Marysol. Normalement, le prénom est Marisol, avec un I, mais ils le remplacèrent par un Y en référence aux origines anglaises de la maman. Son second prénom était Yaretzi, en hommage à ses ancêtres Aztèques.

Puis, en 2006 le président mexicain Felipe Calderon déclara la guerre aux cartels de la drogue et plus de 5 000 militaires furent envoyés pour reprendre les territoires que contrôlaient les trafiquants. Alejandro en faisait partie. Avec un collègue qui y laissa sa vie, il participa à une opération d'infiltration ; grâce à eux, en décembre 2006, la presque totalité d'un cartel fut démantelée. Sauf le chef, qui jura que si il le trouvait un jour sur son chemin, lui et sa famille le paieraient de leur vie.

Par précaution, en 2007, Alejandro et Moïra décidèrent de quitter le Mexique et d'aller s'installer au Canada. Ils choisirent le Québec, où, munie des certificats de son expérience professionnelle en Écosse, Moïra trouva rapidement un poste de professeur de français dans une école anglophone. C'est là qu'elle fit la connaissance de Grand-maman Nadette, qui était elle aussi professeur dans la même école ; les deux femmes devinrent rapidement très amies.

De son côté, Alejandro trouva un emploi dans une petite ferme de Ayers Cliff qui était, à l'époque, un précurseur du futur engouement pour l'agriculture biologique. Il put enfin travailler la terre comme il l'avait toujours rêvé. Même si le climat canadien le laissa un peu perplexe à ses débuts, il fut vite évident qu'il avait à la fois l'instinct et la main verte ; le couple qui tenait cette ferme se reposa de plus en plus sur lui pour les choix et décisions, et lorsqu'ils choisirent de prendre leur retraite, ils lui laissèrent la ferme en gérance avec promesse de vente en 2018 si Alejandro réunissait les fonds nécessaires. Il emprunta, et Grand-maman Nadette mit le complément en investissant pour la part manquante (peut-être vous demandez-vous comment il se fait que Grand-maman Nadette semble assez fortunée ; vous le saurez dans un prochain chapitre).

Il y a 3 ans de cela, Grand-maman Nadette avait déjà investi majoritairement dans une entreprise de traiteur qui fournissait des repas à domicile, sous le nom de "Comme à la Maison" et menaçait de faire faillitte. Elle appuya de toutes ses forces sur le conseil d'administration où elle était majoritaire, fit changer le nom pour "Repas Fraîcheur Comme à la Maison", et conseilla à l'entreprise à se fournir au moins pour 50 % des achats de fruits et légumes dans la ferme biologique de Alejandro pour remonter la qualité de l'entreprise avec des repas biologiques et en majorité végérariens. La stratégie a porté ses fruits, le traiteur a vu sa clientèle exploser dans les années qui suivirent.

L"engouement pour les fermes biologiques augmentait d'année en année. Entre les ventes directes à la boutique de la ferme et les ventes au traiteur, Alejandro s'en sortait bien ; avec le salaire de professeur de Moïra en plus, la famille vivait bien.

Ils étaient fiers de leur fille Marysol qui avait grandi en beauté ; c'est une jolie fille, passionnée de lecture, bonne élève depuis toujours. Elle est brune comme son père Mexicain, avec les yeux de saphir de sa mère Écossaise, mais étirés comme ceux de ses ancêtres Aztèques.

Tout allait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes dans cette famille.

Jusqu'au printemps 2020. Jusqu'à l'arrivée de la Covid. Les ventes de la boutique de la ferme cessèrent puisqu'il fallut la fermer durant de longs mois, et, lorsqu'il put reprendre les ventes à emporter/livrer, le traiteur perdit la majorité de ses clients à cause du télétravail et de l'engouement pour la cuisine maison.

Dès que ce fut possible, Alejandro se mit à louer des emplacements sur les marchés publics pour y proposer ses produits biologiques, et Marysol aida activement son père en l'accompagnant. Petit à petit, la jeune fille devint assez sûre d'elle pour que son père la laisse seule charger sa jeep pour aller tenir un étal de vente pendant qu'il en tenait un autre sur un autre marché dans une autre ville, à la seule condition que son fidèle chien, Tenoch, reste avec elle afin de la défendre en cas de problème.

La jeune fille voue une passion à l'histoire en général, mais tout particulièrement à celle des ses ancêtres, les Celtes d'un côté, et les Aztèques de l'autre, et elle souhaite faire des études pour devenir historienne. Pour tout dire, quand on la connaît, on dirait qu'elle vit comme si elle avait un pied dans le passé et l'autre dans le présent ; mais ce présent est bien là car comme tous les jeunes de son âge, Marysol aime sortir et danser avec des amis, dont fait partie Christopher, le cousin d'Elsa.

Le souci de Marysol est désormais d'obtenir une bourse d'étude suffisante pour suivre son cursus d'histoire à l'Université de Sherbrooke.

Le concours pour les bourses d'étude a eu lieu hier et aujourd'hui. Et nous voyons ici Marysol qui est venue se détendre en se promenant lentement avec Tenoch sur les bords du lac après ces deux journées stressantes.

Elle espère de tout son cœur avoir réussi suffisamment pour obtenir une bourse à 100 %, mais il lui faudrait avoir obtenu la note maximale pour cela, et elle n'ose pas trop y croire. Toutefois, elle sait que ses parents ne pourront pas assumer les frais d'étude si elle n'a pas un haut pourcentage de bourse, au minimum 80 %, alors elle croise les doigts.

Et nous aussi, on les croise pour elle.

Bon jeudi :-)

Ici, il sera sous le signe d'une double tempête : la tempête tropicale Elsa qui a remonté la côte est américaine et un système dépressionnaire en provenance du middle ouest américain qui foncent directement sur nous en même temps ! On nous prévoit un minimum de 50 mm de pluie ce jeudi, et vendredi, avec des vents dépassant les 90 à 100 Km/h. J'espère que ça sera plus calme chez vous.

♥♥♥

A few days ago, I introduced you to Marysol. Now, before you discover the encounter between her, Fleur and Elsa, I will first tell you about her.
23 years ago, Moïra MacKinnon, a pretty young woman with sapphire eyes, was a French teacher at the high school on Montague Row in Inverness, Scotland. One day, she participated in a contest organized by a magazine and had the chance to win a 10-day trip to Mexico, to a luxury hotel in Merida, in the Yucatan Peninsula, on the date of her choice. She chooses the Christmas holidays of 1998.
On the other side of the ocean lived a chief gardener in a large Mexican hacienda, in Merida. It was one of those haciendas abandoned and restored and transformed into a luxury hotel, as are now most of these splendid old estates, witnesses of a sumptuous past disappeared since almost a century. This man was not only responsible for the maintenance of the magnificent gardens but also for the gigantic gardens and orchards that supplied the kitchens of the hotel. He had a 24-year-old son, Alejandro Ichtaca Flores Garcia. Alejandro had the middle name Ichtaca because his mother was of Aztec descent. He was a boy who dreamed only of following in his father’s footsteps and cultivating the land for the best crops, but unfortunately, his parents did not hear him and wanted to force him to go to school. They led him such a hard life that he decided to leave them and joined the army. The following year, in 1998, he had permission for Christmas, and went to spend it with his parents.
This is how he met Moïra MacKinnon. Love at first sight! At the time of leaving, they decided to marry and went to have their union blessed by the priest who had baptized Alejandro. Moïra returned to Scotland to resign and settle his affairs there, and returned to live with her husband in Mexico.
In the fall of 2001, a little girl was born whom they named Marysol. Normally, the first name is Marisol, with an I, but they replaced it with a Y in reference to the mother’s English origins. His middle name was Yaretzi, a tribute to his Aztec ancestors.
Then, in 2006, Mexican President Felipe Calderon declared war on the drug cartels and more than 5,000 soldiers were sent to take back the territories controlled by the traffickers. Alejandro was one of them. With a colleague who lost his life there, he took part in an undercover operation; thanks to them, in December 2006, almost all of a cartel was dismantled. Except the chief, who swore that if he ever found him on his way, he and his family would pay with their lives.
As a precaution, in 2007, Alejandro and Moïra decided to leave Mexico and move to Canada. They chose Quebec, where Moïra, with the certificates of his professional experience in Scotland, with the certificates of her professional experience in Scotland, Moïra quickly found a position as a French teacher in an English-language school. It was there that she met Grandma Nadette, who was also a teacher in the same school; the two women quickly became very close friends.
For his part, Alejandro found a job on a small farm in Ayers Cliff which was, at the time, a forerunner of the future infatuation with organic farming. He was finally able to work the land as he had always dreamed. Although the Canadian climate left him somewhat perplexed in his early days, it was soon evident that he had both instinct and a green hand; the couple who ran this farm relied more and more on him for choices and decisions, and when they chose to retire, they left the farm under management with a promise of sale in 2018 if Alejandro raised the necessary funds. He borrowed, and Grandma Nadette added to it by investing for the missing part (perhaps you are wondering how it is that Grandma Nadette seems quite fortunate; you will know this in a future chapter).
Three years ago, Grandma Nadette had already invested mainly in a catering company that supplied meals at home, under the name of "Comme à la Maison" and threatened to fail. She supported with all her strength on the board of directors where she was the majority, changed the name to "Meals Freshness Like at Home", and advised the company to source at least 50% of fruit and vegetable purchases at the organic farm in Alejandro to raise the quality of the company with organic and mostly vegan meals. The strategy paid off, the caterer saw its customers explode in the years that followed.
'The enthusiasm for organic farms was growing year by year. Between direct sales at the farm shop and catering sales, Alejandro was doing well; with the salary of Moïra’s teacher in addition, the family lived well.
They were proud of their daughter Marysol who had grown up in beauty; she is a pretty girl, a little secret, passionate about reading, good student since always. She is brown like her Mexican father, with the sapphire eyes of her Scottish mother, but stretched like those of her Aztec ancestors. The young girl has a passion for history in general, but especially for that of her ancestors, the Celts on the one hand, and the Aztecs on the other, and she wants to study to become a historian. To tell the truth, when you know her, it’s like she’s living as if she had one foot in the past and the other in the present.
So everything was going well in the best of all possible worlds in this family.
Until spring 2020. Until Covid Sales of the farm shop ceased, as it had to be closed for many months, and when he was able to resume take-out/delivery sales, the caterer lost the majority of his customers because of teleworking and the enthusiasm for home cooking.
As soon as possible, Alejandro began renting locations at public markets to offer his organic produce, and Marysol actively helped her father by accompanying him. Little by little the girl became sure enough for her father to leave her alone to load her jeep to go and hold a sale stall while he held another one at another market in another city, on the sole condition that his faithful dog, Tenoch, stay with her to defend her in case of a problem.
Marysol’s concern was now to obtain a scholarship sufficient to follow her history course at the Université de Sherbrooke. The scholarship competition was held yesterday and today. And here we see Marysol who came to relax while walking slowly with Tenoch on the shores of the lake after these two stressful days.
She hopes with all her heart to have succeeded enough to obtain a 100% scholarship, but she would have to have obtained the maximum grade for it, and she does not dare to believe it. However, she knows that her parents will not be able to cover the costs of studying if she does not have a high percentage of scholarship, at least 80%, so she is crossing her fingers.
And we run into them for her, too.